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Livret d'Espagne - No Spain, no gain

Posted on November 20 2013 by Maxime in Europe du Sud - Southern Europe, En vélo - By bicycle

Tarifa - km 5810

Je rentre en Espagne avec le sentiment d'être un Torero sans entraînement partant affronter le taureau dans l'arène. Ayant commencé l'espagnol à peu près quand j'écrivais l'article précédent et ne connaissant au fond pas grand chose du pays, l'entrée fût à la hauteur de mes attentes: tempête sur le pays basque, des rafales qui rendent la pluie horizontale, je me retrouve secoué comme un sapin de Noël le 25 décembre au milieu d'enfants pourris. Tentant de feinter la bête et ayant envie d'avancer, je bifurque sur les petites routes... deuxième charge, le vent se calme mais les côtes me font presque regretter la tempête. Des kilomètres à 25%, je pousse mon vélo comme Sisyphe son rocher, sauf que moi je dois aussi le retenir dans la descente, bigre... Kilométrages ridicules, trempé comme pas permis, la mise en bouche fut intense. Les paysages magnifiques des montagnes basques seront ma récompense.

Enfin, les côtes se calment, mais le répit ne durera qu'une journée: en filant vers Burgos, un vent parfaitement de face vient me tester: le taureau me fait face, et il a du souffle le bougre. Deux journées plus tard, me voilà en vue de Burgos, mais l'animal ne me lâche pas et attaque là où je l'attends le moins: coup de corne en plein estomac, intoxication alimentaire, me voilà bloqué 2 jours à Burgos le temps de récupérer. Que faire ? Continuer vers l'Ouest et faire face au vent, ou choisir la facilité et filer vers Madrid ? Je choisis la première option: après tout, je suis un aventurier, un guerrier, un battant au mental d'acier, et surtout je n´ai pas la carte du centre de l'Espagne sur mon GPS... Et scénario qui se répète: vent de face, 2 journées pour atteindre Valladolid, et intoxication alimentaire: le taureau a trouvé ma faiblesse et tente de m'achever. Cette fois, c´en est trop, je me rebelle: 2h de repos supplémentaires le lendemain, pas plus; je comprends qu'il faut surprendre la bête pour se faire respecter. Et ca marche ! Quelques collines se dressent encore sur mon chemin, mais le vent faiblit, le soleil brille... C'est le moment de se révolter, j'appuie sur les pédales, les kilomètres défilent enfin. Puis le lendemain, miracle, un vent dans le dos qui ne me fera presque plus défaut, J'attaque la Sierra de Gredos pour mon anniversaire, j'avale un nouveau point culminant le lendemain. Les attaques du bestiau ne font plus peur, ce n´est plus qu'un veau bêlant près de sa mère à mes yeux. Il tente une dernière attaque en abaissant le thermomètre de plusieurs degrés, il ne m'aura jamais sur ce terrain ! 3 journées à travers l´Extremadura pour atteindre l'Andalousie puis Séville euphorique, puis descente tranquille jusqu'à Tarifa pour achever la bête. J'arrive dans cette ville hautement symbolique sous les olas des éolinnes à défaut de public, dopé à la paella et au gaspacho. 2 mois et 1 jour depuis mon départ de Trondheim, donc une journée et 700 km de plus que prévu, on va dire que j'ai rempli mon contrat ! Notons quand même que je dois dire adieu à mes rêves d'indépendance énegétique: après le plug, c'est mon 2e chargeur de piles USB qui a laché, retour aux traditionnelles alcalines et un panneau solaire pour le reste, et une belle collection d'accumulateurs sur les bras.

En traversant l'Espagne, je me suis rapidement rendu compte que je n'étais pas le seul à souffir: stations services désafectées, villages entiers "à vendre", le pays est saigné à vif par la crise. Une crise qui se montrera à moi sous les traits de Joseph, cycliste basque francophone déraciné au gré des fermetures d'usines, les démenagements, la nostalgie des belles années, le chômage... Il aime les voyages et m'offre un chocolat chaud, puis me laisse sans demander son reste. Car c'est aussi ca l'Espagne: un peuple terriblement attachant, comme cet aubergiste qui me donnera un kilo de pommes que je mettrais 2 jours à finir; ces villageois qui remuent ciel et terre pour me trouver de l'eau (j'ai espéré pendant plusieurs jours que "de la fuente" ne signifie pas "ca vient des toilettes"); ou Raùl, le pompiste qui m'offre une paire de gants alors que j'ai perdu les miens par une matinée très fraiche sur les hauts plateaux... on devait avoir 20 mots de vocabulaire en commun. Et l'Espagnol aime le cyclisme: des automoblistes incroyablement respectueux, des coups de klaxon et des encouragements endiablés, les cyclistes eux-mêmes qui me poussent (verbalement) dans les côtes... Je prenais cette traversée comme une contrainte, mais c'est le coeur serré que je vais quitter l'Europe aujourd'hui. Malgré les difficultés, l'Espagnol résiste, l'Ibère est rude.

Il m'aura fallu quand même ces 2 mois pour me rendre compte à quel point le commercial suédois, le fermier allemand, le fonctionnaire francais ou le pompiste espagnol sont proches, bien plus qu'ils ne le pensent eux-mêmes. Si vous en doutez, prenez votre vélo et allez vérifier par vous-mêmes. La peur de l'étranger disparaît dès qu'il n'en est plus un, et derrière tout ca les valeurs communes sont bien plus fortes que ce qui nous sépare. Et si vous pensez que je fais du prosélitysme européiste, vous avez raison.

Et j'ai rencontré plus hardi, plus motivé, plus fou que moi: la famille Hervé, partie des Landes et croisée en Andalousie: Papa, Maman, et les 2 enfants de 7 et 10 ans, que je devrais précéder de quelques jours sur les routes d'Afrique de l'Ouest. 3 vélos, 14 sacoches (!) deux années de prévues et une foi dans leur bonne étoile qui m'ont rendu terriblement modeste. Au fond, tout ceci n'est pas si difficile si on ose la comparaison avec les autres...

Un dernier tour à l'atelier vélo du coin, et c'est parti pour le Maroc !

 

 

 

I enter in Spain feeling a bit like a Torero feeling a bit like a Torero facing his firt bull without any training. I started to study spanish around the time I wrote the previous article, and I didn't know that much of this country. The start was as expected. Storm on the Basque country, wind and horizontal rain, I am shaked like a Christmas tree surrounded by rotten kids the 25th of December. Trying to trick the bull, I turn southwards on the small roads... second charge, the wind stops but the hills make me almost regretting the storm. Kilometers at 25%, I push my bike like Sisyphus and his rock, except that I need as well to slow it down next to it on the downhill parts. Ridiculous mileage, wet like you can imagine, it was a tough start here. The wonderful landscapes of the area would be my award.

Finally, the roads get flatter, but one day later the beast is back: facing me on the way to Burgos, blowing on me. The wind is then perfectly parallel to the road and impressively constant. It takes me 2 days to reach the city, but the animal continues to fight and hit me where I didn't expected it: in the stomach. Food intoxication, I am stuck 2 days in Burgos. What to do now ? Continue to the West ot try to find an easier way around Madrid ? I choose the first option. After all, I am an adventurer, a warrior with a stainless-steel mental, and above all I don't have the map of the middle-Spain on my GPS... And the same scenario again: wind in the face, 2 days to reach Valladolid, and food poisoning. The bull found my weak spot and try to achieve me. Too much of it, I'm going to fight back: 2 hours extra of rest only, and I am back on the roads. I finally understood that you need to surprise the animal to be respected. And it works ! Still some hills to cross, but the wind is slowing down, sun is shining... Time for revolt, I push on my pedals, the counter finally turns decently. And the day after, miracle: wind on the back, which will stand for almost the rest of the way. I attack the Sierra de Gredos for my birthday, reach my highest point the day after. The attacks of the bull don frighten me anymore, he looks like a veal looking for his mother now. He tries to trick me a last time by lowering the temperatures, but he will not hit me on this ! 3 days through the Extremadura to reach Andalusia and Sevilla, euphoric, and I slowly bike down to Tarifa to achieve the beast. I arrive at this highly symbolic city under the greetings of the wind turbines for lack of human public, doped with paella and gaspacho. 2 months and 1 day since my start from Trondheim, so 1 day and 700 km more than expected. Well, I think I can be happy anyway :) I had unfortunately to say goodbye to my dreams of total autonomy in energy, as my second USB batterie-charger died as well. After the plug, that's my second energy-failure: back to alcalines batteries and solar panel then.

While crossing Spain, I could quickly see that I was not the only one to suffer: gas stations in ruins, villages for sale, the country is enduring hell with the crisis. Someone I met will represent this better than anything else: Joseph, a french-speaking Basque who has been moved here and there, depending on the work opportunities, and he is now unemployed, far from his hometown, filled with nostalgy of the good old time... He likes travelling and offer me a hot chocolate, and then leave me without asking anything in return. That is Spain as well: amazingly attaching people, like this aubergist who gives me 1 kg of aples (it took me 2 days to finish them); these people asking all the village for water (and I was hoping during quite some days that "de la fuente" was not meaning "from the toilets");or Raùl, the petrol pump guy who offers me a pair of gloves after I lost mine, during a very fresh morning in altitude... we had maybe 20 words of vocabulary in common. And the Spaniard likes biking: drivers are incredibely respectful, horn and applause to encourage , bikers theirselves who push me (with words...) in the uphill parts... I took originally the crossing of Spain as a constraint, but that's heavy-hearted that I will leave Europe today.

 

It took me 2 months to really understand how much the swedish salesman, the french civil servant, the german farmer or the spanish petrol pump guy are close to each other, much more than they think. If you doubt it, take your bike and check yourself. The fear of the stranger disappears as soon as he is not one anymore, and behind this the common values are far much stronger than our differences. And if you think that I am doing some europeist preaching, you are right.

And I met more courageous, more motivated, more crazy than me: the Hervé family. They started from the french South-West and I met them in Andalusia: the parents, and the 2 kids of 7 and 10 years old. 3 bikes, 14 bags (!), two years planned threw Africa and Asia, and faith in theirelves which made me felling terribely modest. After all, all that stuff is not so complicated if you compare yourself to some others...

A last check at the bicycle workshop, and let´s go to Morocco !

Donostia

Donostia

Le pays Basque - The Basque country

Le pays Basque - The Basque country

Là, ca descend - Here it was going down

Là, ca descend - Here it was going down

Le poisson le plus dépressif du monde - The more depressed fish in the world

Le poisson le plus dépressif du monde - The more depressed fish in the world

Route entre les falaises - Road between the cliffs

Route entre les falaises - Road between the cliffs

Police locale - The local police

Police locale - The local police

No comment

No comment

Livret d'Espagne - No Spain, no gain
Livret d'Espagne - No Spain, no gain
Paysages de Castille et Leon - Landscapes of Castilla and Leon

Paysages de Castille et Leon - Landscapes of Castilla and Leon

Mon nouveau "record" pour ce trip - My new "record" for this trip !

Mon nouveau "record" pour ce trip - My new "record" for this trip !

Et de l'autre côté... - And on the other side...

Et de l'autre côté... - And on the other side...

Difficile de fermer la fenêtre pour moi - Difficult for me to close the window

Difficile de fermer la fenêtre pour moi - Difficult for me to close the window

Chris and Vicenzo, I'm coming !

Chris and Vicenzo, I'm coming !

Entrée en Andalousie - First km in Andalusia

Entrée en Andalousie - First km in Andalusia

Sevilla !

Sevilla !

Livret d'Espagne - No Spain, no gain
Livret d'Espagne - No Spain, no gain
Paysages andalous - Landscapes of Andalusia

Paysages andalous - Landscapes of Andalusia

La famille Hervé !

La famille Hervé !

Ville typique - Typical town

Ville typique - Typical town

En se rapprochant de la côte - Getting closer to the coast

En se rapprochant de la côte - Getting closer to the coast

Pas mal de vent dans le coin - Quite some wind around here

Pas mal de vent dans le coin - Quite some wind around here

Première vue d'Afrique - First view of Africa !

Première vue d'Afrique - First view of Africa !

La photo parle d'elle-même - The picture speaks for itself

La photo parle d'elle-même - The picture speaks for itself

L'Atlantique, Tarifa, la Méditerranée - The Atlantic ocean, Tarifa, and the Mediterranean sea

L'Atlantique, Tarifa, la Méditerranée - The Atlantic ocean, Tarifa, and the Mediterranean sea

Comment on this post
O
Salut Maxime,<br /> C'est très sympa de lire tes aventures en Espagne (même si je compatis pour la tourista...). C'est très bien écrit et agréable à lire!<br /> Hey, c'est marrant, en voulant poster ce message, je viens juste de voir qu'il y a plein de photos! D'habitude je lis juste le message sur la page principale.<br /> Bon vent pour la suite de tes aventures de l'autre coté. <br /> Enjoy!
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S
Excellent le poisson!<br /> C'est bien bonhomme! Bel effort et beau mental! Indestructible ;o)<br /> Bravo pour l'article et les images au taureau.
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J
Hé ben dis donc ! félicitaitons ! Grosse performance !<br /> Bon courage de l'autre côté du détroit <br /> (je reste complètement halluciné par la famille Hervé qui part avec les enfants faire le même délire ....)
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P
Moi ce qui m mpressionne le lus c est le courage enorme que tu as pour tout ecrire dans deux langues. Bon ben bon courage. Pedale.
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