Article écrit après la fin du voyage - Article finalized after the end of the trip

Jamais un pays sur ma route n'a eu autant mauvaise presse que le Nigéria. Il faut dire qu'il y a de quoi exciter tous les fantasmes: terrorisme, enlèvements, corruption, crime organisé, pollution, Boko Haram et j'en passe. Comme d'habitude, dans les pays voisins c'est la peur qui prédomine, mais cette fois ceci rentre en résonnance avec l'image que l'on a en occident.

Mais le Nigéria, c'est aussi la première puissance économique d'Afrique, un géant qui réduit dans la région la Côte d'Ivoire et le Ghana à l'état de nains, les autres pays à l'état de fourmis. C'est aussi le seul état "noir" capable de faire la police sur le continent, le pays d'1 Africain sur 6, la 2e industrie du cinéma au monde après les indétronables Indiens, les prénoms-farce à l'image du couple présidentiel qui donne son titre anglophone à cet article...

Bref, une grosse boule au ventre et beaucoup d'interrogations avant de passer la frontière.

La frontière, parlons-en, des heures à passer de fonctionnaire en douanier jusqu'à arriver dans le bureau du grand chef, qui bien inspiré me laissera son numéro de téléphone (le premier d'une longue série) en cas de "problème".

Dès la frontière pasée, on sent que l'ambiance est différente: ici c'est agité, ca grouille, les questions fusent le long de la route. Je me fais rapidement arrêter par une voiture de la "milice civile" qui va pendant une bonne heure s'occuper de moi, ils iront même jusqu'à faire demi-tour en partant pour... me rendre quelques pièces tombées de ma poche. Ouf.

Sorti de la ville frontalière, les innombrables barrages s'enchaînent: si certains passent comme des formalités, d'autres que je passe "en force" semblent tout droit sortis de films post-apocalyptiques: colosses en plein milieu de la route qui hurlent yeux exorbités et baton à la main, garde avec une "tête de méchant" arme à la main... Mais bon, apparemment ils s'en fichent de moi, tant mieux.

Puis je pars sur les petites routes où je me fais régulièrement arrêter pour me faire "snaper" et ficher sur facebook par les locaux. Pas trop rassuré, je passe ma première nuit dans un hôtel barricadé. Je demande au gérant si c'est dangereux de sortir le soir pour un blanc, il me répond "oui" tout naturellement avant de passer à autre chose. Premier contact aussi avec les infects produits agro-alimentaires dont la réputation dépasse les frontières du pays (je comprends pourquoi maintenant), et premières remarques "à la nigérianne" du genre "Merci de visiter le pays", "Je t'aime bien", "Fais attention à ce type"...

Ayant contourné l'infernale Lagos (16 millions d'habitants, plus que pas mal de pays de la région), je passe Abeokuta moyennant quelques attrouppements et je me rapproche d'Ibadan tout en continuant à collecter les numéros de téleéphone et les "Appelle-moi en cas de problème". La spontanéité des Nigérians est impressionnante, ces gens ne connaissent pas l'hypocrisie, ils disent tout ce qui leur passe par la tête. Ils sont aussi bien plus curieux et moins fatalistes que leurs voisins. Et ils font des blagues sur Boko Haram, attention ca surprend la première fois.

Mais on ne triche pas avec le Nigéria. Pas de compromis, pas de concession. J'ai voulu éviter Lagos, mais Ibadan va se charger de me rappeller ceci. Malgré un départ à l'aurore aux portes de la ville, les 35 kms qui suivront seront les plus difficiles de mon voyage. Routes sans loi, bruit et circulation infernaux, habitants qui hurlent encouragements et conseils du trottoir, pauses dans les stations services où je me fais demander en mariage par toute indidividu femelle de moins de 30 ans... Je ressors de la ville 5 heures après être entré complètement lessivé et essoré. Je tombe sur un hotel sympa en bord de route où je passe encore beaucoup de temps à discuter avec un jeune employé des problèmes du pays.

Grosse journée de vélo le lendemain où je change de l'argent à Ondo, discute une bonne heure avec Joy et Gift (Joie et Cadeau) puis me dirige vers Akire, ville que je n'atteindrai jamais. Deux heures plus tard, au km 13 320, une mauvaise rencontre avec 3 individus qui m'ont visiblement suivi depuis la ville précédente marquera la fin prématurée de ce voyage.

Ayant trop perdu pour continuer dans des conditions décentes, je me fais rappatrier en convoi militaire au consulat de France à Lagos en moins de 24 heures; ce dernier m'assistera pour me faire rentrer en France au plus vite, après un accrochage "diplomatique" en ville avec Friday (Vendredi) le policier et 2 dernières tentatives de racket à l'aéroport.

J'y apprends au passage que j'ai presque eu de la chance de devoir m'arrêter suffisamment tôt, le pays étant devenu intraversable ces dernières semaines pour un cycliste, ce qui m'a été confirmé plus tard par d'autres voyageurs. Mais ce pays restera le plus marquant de mon voyage, vous en voyez plus en une journée que dans un autre pays de la région en une semaine. Et il m'aura définitivement convaincu que toutes les idées recues sur un pays donné ne valent rien si leur auteur n'y a jamais mis les pieds.

Nigeria has probably the worst possible reputation in Africa. There is actually enough to exciste all our fantaisies: terrorism, kidnappingm corruption, organized crime, pollution, Boko Haram and others. As usual, in the neighbourood countries, fear is predominant, but for Nigeria it is corroborated by the image with have in occident.

But it is as well the first economic power in Africa, the only sub-saharian country able to do the police on the continent, the country of 1 African out of 6, the 2nd cinema industry in the world after India, the word-or-sentence-shaped firstnames, like the presidential couple who give the title of this article...

So quite some concerns and a lot of questions before crossing the border.

About the border: hours to go from one custom people to another until I reach the office og the big boss, who has the smart idea to give me his phone number (the first of a long serie) in case of "trouble".

Once inside the country, you can feel that the atmosphere is different: that's noisy busy, a lot of questions... I am quickly stopped by a car of the "civil militia" who will take care of me during one hour, they will even turn back while leaving me to give me back some ols coins fallen out of my pocket... uffff.

Out of the city, time to face the countless roadblocks. If some of them are just formalities, others that I pass without stopping are quite scary, with huge crazy guys screaming, stick in the hand, while another one wait nest to him with a gun... But apparently, they didn't care about me.

Then I switch to smaller roads where drivers stop me to snap and facebook my pictures. Not really comfortable, I prefer to stay in a "sealed" hotel the first night. Asking the responsible if that's dangerous outside by night, he naturally answers yes before switching to something else. First contact with the horrible local food-processing products whose reputation are quite famous out of the country. And first typical nigerian talks, finishing by "Thanks to visit the country", "I like you" or "Be careful with this guy"...

Bypassing the infernal Lagos (16 millions people, more than quite some countries in the area), I cross Abeokuta creating some crowding and I get closer to Ibadan, collecting again phone numbers together with "Call me in case of troubles". The spontaneity of this people is quite impressive, no hypocrisy here, they just say what they think, and are much more curious and less fatalist that their neighbours. And they do jokes about Boko Haram, a bit perturbing the first time...

But no place for cheating with Nigeria. No compromise, no concession. I wanted to avoid Lagos, but Ibadan will take care of teaching me this. Despite a very early start at the intrance of the city, the following 35 kms will be the most difficult of the trip. Roads without law, crazy noise and traffic, inhabitants who scream advices and encouragements, stop in the countless gas stations where any female people under 30 ask me to get married with her... I get out of the city 5 hours after entering it, totally worn out. I stop in a nice hotel close to the orad where I spend again some long time discussing with a young worker about the problems of the country.

Then a long biking day follows, where I change some cash in Ondo, discuss a long hour with Joy and Gift, and then start biking again to Akira, a city I will never reach. Two hours later, at the km 13 320, a bad encounter with 3 guys who were following me will mark the end of the trip.

Having lost too much to continue in decent conditions, I got rappatriated with military escort to the french consulate of Lagos in less than 24 hours. This one will take care of me to organize my return to France, after a "diplomatic incident" in the city with Friday the cop and two last tentatives of extorsion at the airport.

I learnt over there that I was almost lucky to be "stopped" early enough in the country, this one got quite uncrossable for a bicycle these last weeks, which has been confirmed by others travellers. But Nigeria stays the most remarkable country I have cross (or Tried to), you see more in one day over there than in one week somewhere else in western Africa. And it definitely convinced me that prejudices on a given country are worth nothing if their author didn't step a foot in it.